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Promouvoir les camions plutôt que l’écologie

17/03/2022 / Kaspar Schuler, CIPRA International
Le Parlement européen a adopté mi-février la directive Eurovignette. Le nouveau système de tarification routière pour les poids lourds promeut unilatéralement les moteurs à hydrogène et électriques, ce qui pénalise massivement le transport de marchandises par le rail.
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Avec cette décision, l’UE a laissé passer l’occasion de créer des conditions équitables entre la route et le rail. (c) Iwona Castiello / unsplash

Des voix critiques ont instamment mis en garde le Parlement européen contre les nouvelles règles. Barbara Thaler, eurodéputée du Tyrol/A représentant le Parti populaire européen (PPE), a souligné en amont l’importance du texte : « La directive Eurovignette est la première pièce d’une législation qui jouera un rôle crucial dans le cadre du Pacte vert européen. Si nous approuvons ce texte, nous dirons à tous les gens en Europe que le Parlement ne fera pas tout pour transférer les marchandises de la route vers le rail. »

L’Allemande Anna Deparnay, députée des Verts, a invoqué les édulcorations et les failles du texte : « Cette réforme gaspille de manière inconsidérée l’occasion unique de pouvoir instaurer à l’échelle de l’Union européenne un péage routier à la fois socialement équitable et bénéfique pour l’environnement. La réforme s’attaque certes à certains problèmes, mais elle regorge de dérogations et de lacunes. Le rail reste soumis à un péage obligatoire, tandis qu’un péage sur la route restera optionnel. »

Herbert Dorfmann, eurodéputé du Tyrol du Sud/I membre du parti populaire européen, a exposé la problématique en comparant l’axe du Brenner à celui du Gothard. Sur les 2,5 millions de camions qui passent chaque année par le Brenner, « environ un quart n’emprunte ce col que parce que le péage y coûte moins cher, même si le trajet par la Suisse est plus court de 100 kilomètres ». La nouvelle version de la directive n’y changera rien : « Il n’y aura pas d’internalisation obligatoire des coûts environnementaux. Le transfert vers le rail n’aura pas lieu, la route restera moins chère. La directive est le résultat d’intérêts sectoriels nationaux. Si nous prenons quelque peu au sérieux le Pacte vert, nous devons stopper cette directive. »

Tous leurs appels, ainsi que les informations détaillées fournies par la CIPRA aux parlementaires, sont restés sans effets. Kaspar Schuler, directeur de la CIPRA, le déplore : « Malgré les nombreux arguments fournis, le Parlement a maintenu sa position en faveur du lobby routier. Il ne tient pas compte des espaces sensibles tels que les grandes agglomérations et les Alpes. Cela va à l’encontre du protocole Transports de la Convention alpine. »

 

Sources et informations complémentaires : www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20220210IPR23020/le-pe-adopte-la-reforme-sur-la-tarification-du-transport-routier-de-marchandises (de, en, fr, it, sl), eur-lex.europa.eu/legal-content/DE/LSU/?uri=celex%3A31999L0062 (de, en, fr, it, sl)