Après la crise, c’est encore la crise : la pandémie de coronavirus a mis les remontées mécaniques à l’arrêt dans de nombreuses régions alpines, et la crise énergétique aggrave encore la situation. L’association nationale des remontées mécaniques italiennes a tiré la sonnette d’alarme il y a déjà plusieurs mois. Elle a notamment souligné que la hausse des prix de l’énergie mettait surtout en péril les petits domaines skiables, et réclamé des aides de l’État. Afin de rester rentables, de nombreuses stations ont augmenté fortement le prix des forfaits cet hiver, et cherchent des solutions pour réduire leurs consommations énergétiques. Selon le porte-parole de l’association autrichienne des remontées mécaniques, les domaines skiables ne sont pas de grands consommateurs d’énergie. L’objectif est malgré tout de faire des économies là où c’est possible : moins d’enneigement artificiel ou mise en route plus tardive des canons à neige, réduction de la vitesse des remontées mécaniques, pas de sièges chauffants, restauration réduite, diminution de l’éclairage, etc. En Allemagne, les remontées de la Zugspitzbahn souhaitent économiser 10% d’énergie de cette manière.

Pour une exploitation plus raisonnée des ressources

L’augmentation des coûts freine le boom de la construction dans les Alpes. Pour la première fois depuis 20 ans, les États-Unis dépassent l’Autriche en matière d’investissements dans les domaines skiables. Les stations autrichiennes envisagent désormais de produire plus d’électricité elles-mêmes, par exemple en installant des éoliennes, ou encore en transformant en centrales de pompage-turbinage les retenues collinaires destinées à la production de neige artificielle. « La crise énergétique qui frappe les domaines skiables illustre avec acuité ce que la crise climatique nous obligera de toute façon à faire à long terme : nous devons utiliser avec plus de discernement les ressources disponibles », déclare Kaspar Schuler, directeur de CIPRA International. Il cite en exemple la gestion de l’eau, qui doit selon lui être organisée à l’échelle alpine tout au long de l’année, et qui va bien au-delà de la seule production de neige ou d’énergie. « La gestion de l’eau inclut également l’hydro-écologie, l’irrigation des terres agricoles et l’approvisionnement en eau potable des agglomérations situées autour des Alpes. » Continuer comme avant serait fatal pour le tourisme hivernal, affirme Kaspar Schuler. Le développement durable implique aussi de démanteler les domaines skiables là où leur exploitation n’a plus de sens, comme cela a été le cas récemment dans le village français de Saint-Firmin, dans les Hautes-Alpes. Fin octobre 2022, le petit téléski de la commune a été démonté après être resté à l’abandon pendant des années en raison du manque de neige.

Sources : www.corrieredelleconomia.it/2022/08/30/caro-energia-anef-aumenti-non-sostenibili-per-impianti-di-risalita/ (it), www.srf.ch/news/schweiz/wegen-moeglicher-stromknappheit-skigebiete-bibbern-erhoehen-preise-aber-nur-leicht (de), www.derstandard.de/story/2000141102535/seilbahnen-wollen-vermehrt-auch-selbst-strom-produzieren (de), www.faz.net/aktuell/reise/winter-skifahren-colorado-ikon-pass-epic-pass-aspen-vail-18469132.html (de), www.spiegel.de/panorama/energiekrise-auf-der-zugspitze-kalte-hintern-und-laengere-wartezeiten-in-der-skisaison-a-75507b33-79d1-470a-83af-0535f4cb65f5 (de), https://edition.cnn.com/travel/article/french-ski-resort-dismantled-ski-lift-scn/index.html (en), www.ecrins-parcnational.fr/actualite/demantelement-teleski-desaffecte-saint-firmin (fr), www.derstandard.at/story/2000141393454/teurer-schnee-der-schwere-start-in-die-skisaison (de), https://www.mountainwilderness.fr/se-tenir-informe/actualites/saint-firmin-et-mountain-wilderness-main-dans-la-main-contre-le-teleski.html (fr)