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Un début de saison sans neige
Au grand dam de nombreux skieurs, la neige n’est arrivée dans les Alpes qu’après la fin des vacances de Noël. L’arrivée tardive de l’hiver a causé aux sociétés de remontées mécaniques des pertes de chiffre d’affaires pouvant atteindre jusqu’à 50 % selon les sources : la période des fêtes de fin d’année est pour elles l’une des plus lucratives de l’année. Le mauvais démarrage de la saison confronte le tourisme d’hiver à de multiples défis. Les régions des Alpes ont réagi différemment à l’absence de neige.
2015 a été de loin l’année la plus chaude depuis le début des relevés de température. Là où les températures le permettaient, les canons à neige ont fonctionné non-stop pour permettre d’ouvrir au moins quelques pistes aux skieurs. L’ampleur du recours à l’enneigement artificiel et ses impacts sont analysés dans une étude récente publiée par la Société de recherche écologique et la Ligue bavaroise pour la protection de la nature sous le titre « L’hiver acheté » : 70 000 hectares de pistes sont enneigés artificiellement dans les Alpes. Les canons à neige consomment 280 milliards de litres d’eau et environ 1,4 milliard de kilowatts-heures d’énergie – soit la consommation annuelle de 350 000 foyers.
Va-t-on tirer les leçons de cette situation ?
Certaines stations ont réagi par des mesures inédites : la station française de Sainte-Foy-Tarentaise s’est par exemple fait livrer pendant deux jours 100 tonnes de neige artificielle en hélicoptère. La commune de Saint-Martin-de-Belleville a quant à elle demandé aux locaux de ne pas skier pendant la semaine du Nouvel An, une semaine chargée en terme d’afflux touristique. La société de remontées italienne Federfuni a demandé – en vain – le statut de « catastrophe naturelle » pour ses membres, afin de leur permettre de bénéficier d’aides de l’État. D’autres stations des Alpes, en Suisse par exemple, ont réagi en proposant des activités de VTT et de golf : au club de golf de Domat-Ems, les vacanciers ont dû faire la queue à l’entrée du terrain. En France, Villard-de-Lans, par exemple, a également su attirer les visiteurs grâce à une diversité d’activités indépendantes de la neige.
Les prévisions climatiques laissent présager que le mauvais démarrage de la saison pourrait se répéter à l’avenir. Il est probable qu’un nombre croissant de sociétés de remontées mécaniques devront mettre la clé sous la porte. Le sort des installations devenues obsolètes n’est pas partout éclairci. En Bavière, le gouvernement régional a engagé un débat sur le coût du démantèlement des installations et les règles à observer pour la renaturation. Malgré tout, les projets d’aménagement continuent de fleurir, car les questions de fond ne sont souvent pas posées lorsque les installations fonctionnent encore. « Les responsables vont devoir aussi réfléchir aux conséquences socio-économiques pour la population, lorsqu’il faudra par exemple licencier des employés ou qu’ils devront se reconvertir », avertit Christian Baumgartner de CIPRA International. Pour élaborer de nouvelles stratégies viables pour le tourisme d’hiver, il faut appliquer les principes du développement soutenable, notamment en impliquant la population dans les débats et décisions, en diversifiant l’offre et en s’assurant que la valeur ajoutée produite reste autant que possible dans les territoires d’accueil. Tout en prenant soin des ressources naturelles locales.
Source et informations complémentaires : http://www.bloomberg.com/news/features/2016-01-20/2015-was-the-hottest-year-on-record-by-a-stunning-margin (en), http://www.goef.de/kunstschnee (de), http://www.ledauphine.com/savoie/2015/12/27/100-tonnes-de-neige-par-helicoptere (fr), http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/12/23/97001-20151223FILWWW00284-les-3-vallees-les-locaux-pries-de-ne-pas-skier.php, http://www.dovesciare.it/news/22/12/2015/federfuni-chiesto-lo-stato-di-calamita-naturale-per-la-mancanza-di-neve (it), http://bayernspd-landtag.de/presse/pressemitteilungen/?id=291672 (de)