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De plus en plus d'habitant·e·s de Turin et d'autres grandes villes de la plaine du Pô envisagent d'émigrer de la ville vers les montagnes en raison du changement climatique. (c) Ladiras_canva.com

Lorsqu’on entend parler des migrations dues au climat, on s'imagine des régions sèches et des îles du Pacifique submergées par l'eau. Or, au sein de l'arc alpin, le changement climatique affecte également de plus en plus la vie des habitant·e·s. Selon le sociologue Andrea Membretti, la fuite de ces migrant·e·s vers les régions de montagne n'est plus uniquement liée au mode de vie, comme c'est le cas des nouveaux Highlanders qui – en quête de sens – refont leur vie dans les montagnes. Ce sont plutôt les périodes prolongées de canicule, la pollution de l'air et les nouvelles maladies liées au climat qui causent bien des soucis à un nombre croissant de citadin·e·s ; s’il·elle·s émigrent vers la campagne, c'est pour préserver leur santé contre les aléas climatiques dans la plaine du Pô autour de Turin, Milan et Vérone, en Italie du Nord. Cette région est peuplée par des millions de personnes qui y resteront probablement dans les prochaines décennies, déclare M. Membretti, chercheur à l'Université de Turin. « Supposons que trois pour cent de la population de Milan ou de Turin déménagent vers les régions de montagne, ce n’est pas beaucoup en pourcentage, mais cela représente néanmoins des milliers de personnes. » Dans un village de 200 habitant·e·s, l'arrivée de trois familles fait une grande différence, explique M. Membretti qui a coordonné en 2023 le projet MiCliMi sur les migrations et la mobilité propulsées par le réchauffement de la planète.

Les deux tiers préféreraient déménager…

Le projet lancé par les ambassadeur·rice·s italien·ne·s du pacte européen pour le climat (Euclipa.it) a analysé l'ampleur de l’exode urbain vers les montagnes, causé par le changement climatique en tant que facteur parmi d’autres. Un échantillon représentatif englobant 2 000 personnes a fait l'objet d'une enquête. Les deux tiers des participant·e·s ont manifesté leur inquiétude en raison des effets négatifs du changement climatique, tandis que la majorité envisage de passer au moins plusieurs mois par an dans les montagnes. Cependant, il·elle·s souhaitent être mieux informé·e·s et soutenu·e·s dans leur projet.
Celles et ceux qui ont un appartement ou une maison dans les montagnes y passent déjà une partie de l'année. « Si l'on parle des conséquences du changement climatique dans les espaces urbains et les régions de montagne, on se heurte vite à l’équité sociale : nous devrions donner à tout un chacun la possibilité de vivre dans les montagnes, indépendamment des revenus individuels », propose Andrea Membretti.
On n'est nulle part à l'abri du changement climatique, même pas dans les montagnes. On y est également confronté à un nombre croissant de périodes de sécheresse et à d'autres facteurs de risque entravant la qualité de vie, tels que l'isolation sociale et géographique et les aléas naturels comme les glissements de terrain et autres. « Nous nous retrouvons tou·te·s dans la même situation critique quant aux effets négatifs du réchauffement de la planète. C'est pourquoi chacun·e doit avoir le droit de s'installer dans un autre lieu. » Selon Andrea Membretti, l'État et les autorités régionales et locales doivent assumer leur responsabilité. « Ces migrations saisonnières sont bénéfiques pour le tourisme et surtout pour l'économie locale des régions de montagne. Mais cela requiert de poser les conditions-cadre politiques nécessaires. »

Sources et informations supplémentaires :

www.miclimi.it (en, it), rapport final MICLIMI : www.researchgate.net/publication/375450647_MICLIMI_-_Migrazioni_climatiche_interne_nella_metromontagna_padana_-_report_finale (it)

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