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Profiter de la nature au lieu d’avaler de la poussière

Entre la Ligurie et le Piémont, 2 000 kilomètres de routes militaires datant de 1700 aux années 1930 sillonnent la haute montagne. Ces routes d’altitude et la série d’ouvrages qui les jalonnent formaient autrefois le Vallo Alpino, le système défensif italien de la frontière occidentale. Après l’abandon de sa fonction militaire, ce patrimoine historique et culturel est tombé en désuétude. Peu à peu, une utilisation touristique contrôlée s’est développée sur ces routes non asphaltées, dont certaines sont situées à plus de 2 000 mètres d’altitude. Pour la plupart praticables uniquement en été, elles traversent des plateaux sauvages et des prairies alpines, en longeant des massifs montagneux et de hautes parois rocheuses. L’un des tronçons les plus célèbres est l’Alta Via del Sale, qui relie le Piémont à la Ligurie en passant par les Alpes ligures, puis se poursuit jusqu’à la mer, en empiétant par endroits sur le territoire français.
MOINS DE PLACE POUR LES MOTOS ET LES 4 x 4
À la fin des années 1990, il régnait ici chaque été une sorte de Far West, sans règles ni contrôles : un paradis pour les tout-terrain à quatre ou à deux roues, venant en partie de pays où ces pratiques n’ont jamais été autorisées. Pour y remédier, le parc naturel de Marguareis a fait de premières tentatives pour réduire les espaces de stationnement et inciter les communes italiennes et françaises à limiter le trafic motorisé dans cette zone sensible. Le développement croissant du cyclotourisme, et surtout le boom des VTT électriques montrent entre-temps qu’il y a d’autres solutions que les motos et les 4x4, et que cet itinéraire pourrait être un atout pour le tourisme local. Depuis quelques années, la fréquentation des routes est réglementée par un péage, et surtout par la limitation du nombre maximal de véhicules à 80 voitures et 140 motos par jour. Deux jours par semaine, la route est en outre réservée exclusivement aux randonneur·euses et aux cyclistes, qui peuvent ainsi profiter d’une expérience exceptionnelle de la nature, sans bruit, sans nuages de poussière et sans risque de se faire écraser. À l’avenir, il serait souhaitable d’augmenter le nombre de jours interdits au trafic motorisé, et également de faire respecter les limitations de vitesse. La diminution du nombre de voitures et de motos va-t-elle réduire les recettes nécessaires à l’entretien de ces routes ? Je pense que les cyclistes seraient prêts à payer un droit d’accès pour pouvoir profiter de la beauté des paysages, sans avoir à les partager avec des voitures et des motos en avalant leur poussière. Les milieux naturels fragiles environnants en profiteraient également.