L’Autriche utilise à 70% ses potentialités techniques et économiques en matière de production d’énergie hydraulique. La Suisse avec son taux d’exploitation de 95% est la seule à devancer l’Autriche. Beaucoup d’organisations de protection de l’environnement sont d’avis que ces taux élevés ne sont plus du tout compatibles avec la nature. Malgré cette critique, 300 nouvelles centrales électriques étaient en chantier en 2020, et 8 500 étaient à l’étude, et ce sont surtout les centrales de pompage-turbinage qui ont le vent en poupe par ces temps de transition vers les énergies vertes.

Même dans la vallée de Platzertal dans les hautes montagnes du Tyrol/A, on avait prévu de créer un réservoir pour une future centrale de pompage-turbinage. Ce qui a provoqué une levée de boucliers contre le projet. Les contestations sont documentées en bref dans le film « Jusqu’à la dernière goutte » projeté par CIPRA International au début du mois de septembre 2023 au cinéma GUK KINO à Feldkirch/A. Lors du débat public qui a suivi, Liliana Dagostin du Club alpin autrichien ÖAV a critiqué le mégaprojet en premier lieu en raison de la dérivation des cours d’eau de l’Ötztal qui est de toute façon une vallée sèche intra-alpine. La vallée de Platzertal héberge par ailleurs la zone humide avec tourbière la plus grande des hautes Alpes autrichiennes. Un type de paysage rare qu’il faut protéger notamment pour sa biodiversité, dit Maximilian Frey du WWF Autriche ; les tourbières intactes accumulent du CO₂ provenant de l’air.

« Nous avons tous intérêt à nous éloigner de l’énergie fossile », constate l’invité sur le podium, M. Andreas Neuhauser, du fournisseur d’énergie local Illwerke vkw. Hans-Jörg Mathis, délégué des services municipaux d’électricité de Feldkirch, souligne que le besoin en énergie va croître avec la transition énergétique : « Le réseau électrique n’est pas un accumulateur. » Les sources d’énergie fluctuantes telles que l’énergie solaire ou éolienne, ont des débits variables qui requièrent une compensation », constate Mathis.

Les nouvelles centrales de pompage-turbinage n’ont-elles aucune alternative ? Si, du moins dans la vallée de Kaunertal. Le fournisseur d’énergie tyrolien, TIWAG, est partisan du projet d’une centrale hydraulique dans cette vallée au cas où l’Autriche et le Tyrol ne seraient pas autonomes en matière d’énergie en 2050. Selon l’étude la plus récente portant sur le classement en matière d’autonomie énergétique des différentes régions autrichiennes, l’Autriche et le Tyrol disposent d’assez de capacités énergétiques. « Il faut se rendre compte que la production d’énergie a lieu sur le marché international », explique Kaspar Schuler de CIPRA International sur le podium. Selon lui, il n’est pas pertinent mais efficace pour l’opinion publique que les gouvernements nationaux ou cantonaux parlent d’approvisionnement national en matière d’énergie. Le problème fondamental dans le débat sur l’énergie hydraulique réside dans le fait que nous ne connaîtrons plus de cours d’eau naturels. D’autre part, nous serions confrontés à un recul absolu des glaciers. « À l’avenir, il s’agira surtout de savoir comment nous répartirons l’eau », constate Kaspar Schuler.

Vous trouverez ici des extraits de la table ronde à réécouter :

Informations supplémentaires :

https://wwfeu.awsassets.panda.org/downloads/wwf_hydropower_summary_doc_2019_w.pdf  (de), https://stubaiwasser.at/filmtour-bis-zum-letzten-tropfen/ (de), https://tirol.orf.at/stories/3228239/ (de), www.ardmediathek.de/video/dokthema/klimaschutz-kontra-naturschutz-streit-um-mega-kraftwerk-in-den-alpen/br-fernsehen (de)