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« Même les automobilistes profitent du vélo »
Ljubljana est-elle une ville cyclable ?
Nous sommes quelque part dans la moyenne. Nous avons une part de trafic cycliste relativement élevée et une infrastructure assez bien développée, mais il y a encore une forte marge de progression. Cela se voit également dans le Global Bicycle Index, où d’autres villes alpines obtiennent de meilleurs résultats que Ljubljana. Je pense que Ljubljana peut tirer parti des expériences des autres villes, en particulier dans le domaine de l’efficacité des liaisons ferroviaires multimodales, ainsi que du développement d’un réseau de pistes cyclables bien entretenues pour les loisirs, le tourisme et les trajets domicile-travail. C’est ce qui fait vraiment défaut dans notre pays, même si les choses commencent à s’améliorer.
Qu’est-ce qui a changé ces dernières années pour les cyclistes à Ljubljana ?
Ces dernières années, les plus grandes lacunes du réseau cyclable ont été comblées. Faire du vélo dans le centre-ville est devenu plus facile et plus sûr, et il y a désormais plus d’emplacements de stationnement dans toute la ville. BicikeLJ, le service municipal de location de vélos, est très utilisé et loue également des vélos électriques. Le nombre de cyclistes augmente lentement. Toutefois, les règles sont parfois davantage conçues pour la circulation automobile que pour les cyclistes. Les voitures peuvent par exemple tourner à droite au feu rouge, ce qui est dangereux pour les vélos et pour les piéton·nes. Parfois, les pistes cyclables ne sont pas signalisées de manière adéquate. Il y aurait encore bien d’autres aspects à mettre en œuvre. Même si certains sont déjà en cours de planification, la volonté fait encore souvent défaut.
De quoi faut-il tenir compte pour planifier l’infrastructure cycliste ?
Je dis toujours qu’il faut planifier selon le principe des 8–80 : pour des enfants de huit ans et pour des personnes de 80 ans. Si les règles sont bonnes pour ces classes d’âge, elles le sont pour toute la population. Il ne suffit pas d’étendre le réseau cyclable. D’autres mesures sont parfois même plus importantes : l’apaisement du trafic automobile, la végétalisation des rues, l’interaction avec les transports publics, le contrôle des voitures en stationnement sur les espaces cyclables, le fait que certains itinéraires soient plus courts à vélo qu’en voiture. Il est important d’offrir aux utilisatrices et aux utilisateurs une expérience de qualité sur l’ensemble de leur trajet. Cela implique également de disposer d’emplacements sûrs et pratiques pour garer leurs vélos.
Qui profite d’une ville cyclable ?
Tout le monde. Les plus grands bénéficiaires sont les habitant·es qui, indépendamment de leur âge, de leur statut social ou de leur état de santé peuvent utiliser un moyen de transport bon marché pour se déplacer facilement. La sécurité routière s’améliore, les enfants sont plus indépendants, les parents moins stressés, les personnes âgées restent mobiles plus longtemps. La qualité de l’air s’améliore, il y a moins de bruit. Les communes en profitent, car le vélo prend beaucoup moins de place que la voiture. L’espace public peut ainsi être utilisé à des fins plus utiles, et aussi plus intéressantes sur le plan économique. Même les inconditionnel·les de la voiture profitent du vélo, car il y a moins d’embouteillages. La qualité de vie s’améliore pour l’ensemble de la population, et ce pratiquement sans effets négatifs. C’est une solution extrêmement simple et économique pour de nombreux problèmes urbains. J’ai parfois beaucoup de mal à croire que les villes ne le comprennent pas, et qu’elles refusent de tirer parti des avantages du vélo, cette si vieille invention.