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Des jeunes se penchent sur l’utilisation des sols dans le Val de Suse

22/06/2022 / Nora Leszczynski, CIPRA International
La rareté des terres disponibles dans le Val de Suse (Italie) entraîne des conflits d’usage entre la population locale et le gouvernement italien, qui veut réaliser un projet ferroviaire international. Fin mai, neuf jeunes de tous les pays alpins se sont retrouvé·e·s dans le Val de Suse dans le cadre du projet Re.sources, pour aborder avec le Conseil des jeunes de la CIPRA la question de la consommation des sols.
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La construction d’une nouvelle voie ferrée dans le Val de Suse (Italie) se heurte à une forte résistance de la part de la population locale en raison de ses impacts sociaux et écologiques. (c) Isabelle Helmschrott

Conflit entre les intérêts du paysage, l’agriculture et le transport de marchandises : la ligne à grande vitesse « Nuova Linea Torino-Lione » (NLTL) entre Lyon et Turin passera non loin de la commune de Giaglione, dans le Val de Suse. Les jeunes participant·e·s du projet Re.sources ont visité fin mai le chantier de la nouvelle ligne avec le Conseil des jeunes de la CIPRA (CYC), et échangé avec des représentant·e·s du mouvement « No TAV » sur les impacts environnementaux et sociaux pour le territoire. Le projet financé par Erasmus+ met en réseau des jeunes de tout l’arc alpin sur le thème des ressources alpines. Le CYC, qui est l’un des partenaires du projet, s’est concentré sur l’utilisation des sols dans le Val de Suse, et a engagé une réflexion sur la ressource paysage dans le cadre d’une sortie de terrain.

Le Val de Suse est déjà desservi par une autoroute et une voie ferrée. Financée par l’UE, le gouvernement italien et le gouvernement français dans le cadre d’un projet transfrontalier, la nouvelle ligne est essentiellement destinée à assurer le transport de marchandises. Bien que le transfert du fret de la route vers le rail soit essentiel pour la lutte contre le réchauffement climatique, il convient ici de peser les avantages et les inconvénients pour les territoires. Dans le Val de Suse, la résistance de la population locale face aux impacts sociaux et écologiques du projet a fortement freiné les travaux. Pour Louis Didelle, membre du Conseil des jeunes de la CIPRA, la visite du chantier a été une triste expérience : « Nous avons pu voir, entendre et sentir sous nos pieds la destruction de la montagne ». Le jeune Français de 23 ans souligne toutefois qu’avoir été témoin de cette destruction l’a encore conforté dans son engagement pour la protection de la montagne.

Un conflit d’usage d’un autre type

Dans le cadre de la sortie, les participant·e·s se sont également rendu·e·s à l’abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse. Construit sur un éperon rocheux, cet édifice emblématique du Val de Suse offre une vue panoramique sur la vallée, et permet ainsi de se faire une idée d’ensemble de l’occupation actuelle des sols. Le projet ferroviaire augmente la pression sur l’agriculture, le tourisme et l’industrie en matière d’utilisation de l’espace. D’autres ressources telles que les eaux souterraines sont également impactées par les travaux de construction. Gabriel Popham, jeune chercheur italien de 27 ans, prépare une thèse sur le projet de ligne Lyon-Turin à l’université du Sussex en Grande-Bretagne. Il en est convaincu : « Le mouvement No-TAV a acquis dans la presse mainstream italienne la réputation d’un mouvement politique radical et souvent violent, alors qu’il s’agit en réalité d’un mouvement social local et non violent qui défend l’environnement. »