Le train est un lieu idéal pour discuter avec des inconnus. Toni se déplace régulièrement entre le Liechtenstein, son pays natal, et la capitale autrichienne, Vienne, où il étude l’histoire et les humanités numériques. Il a également un petit boulot dans un journal, il fait des recherches patrimoniales et généalogiques pour une commune du Liechtenstein et, pendant les vacances estivales, il guide des bus de touristes et travaille aux services techniques.

Ce sont les rencontres du quotidien, fruits du hasard, qui l’inspirent. Chercher ces rencontres n’a pas de sens. « C’est presque aussi bête que de chercher le bonheur. » Ses nombreuses activités favorisent sans doute un peu les zones de frottement.

Toni n’est pas un aventurier qui part dans la jungle sans carte ni bouteille d’eau. Il avance à pas posés, toujours prêt à s’arrêter un instant, lorsque l’inspiration vient vers lui, ou parfois à faire demi-tour. Il pense beaucoup et en grand. Sa profondeur d’esprit contraste avec son rire coquin et ses boucles malicieuses.

Parfois les rencontres l’obligent à repenser sa vision du monde. Pour ses « châteaux en Espagne » comme il les nomme, il lui faut de la place. C’est difficile dans un milieu étroit, rigide. Il est plus facile de faire des plans sur la comète du haut d’une montagne ou avec vue sur la mer ; lorsque le paysage offre aux pensées grandeur et étendue. La même chose s’applique aux innovations sociales : elles ont besoin de place, d’oreilles et de bras ouverts et émergent là où il y a des zones de frottement entre l’ancien et le nouveau.