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Point de vue: Compétitions de ski sur le glacier : Respectons les limites !
Les événements qui ont eu lieu à Zermatt/CH et à Cervinia/I m'amènent à réfléchir sur les abîmes dans lesquels le monde du ski alpin de compétition s’enfonce actuellement. En raison du manque de neige, deux courses de descente de la Coupe du monde ont été annulées à l’automne 2022, chez les femmes et chez les hommes, tout comme l’année suivante en novembre 2023. La raison cette fois-ci était l’excès de neige et un vent trop fort. Il devait s’agir de la première course de descente sur une piste unique en son genre : le départ se situe en Suisse sur la Bosse de Rollin, à près de 3 900 m d’altitude, au-dessus de Zermatt et l’arrivée en Italie, au Laghi Cime Bianche, au-dessus de Cervinia. Les organisateur·rice·s ont investi des millions dans une saison de Coupe du monde précoce, un temps d’antenne télévisé et une publicité touristique mondiale. Il·elle·s ont construit la piste de compétition en partie sur le glacier à l'aide de bulldozers et de pelleteuses, en comblant les crevasses. Or, la nature et les conditions météorologiques ont eu raison de l’orgueil humain. Mais aux yeux de l’équipe organisatrice, le glacier souffre à cause du changement climatique, pas à cause des bulldozers C'est comme si l'on reprochait à une personne atteinte d’une maladie chronique d’en être responsable !
Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé : la situation était similaire à Sölden/A quelques semaines auparavant. Les courses de ski pour lesquelles la neige est transportée par hélicoptère ne sont plus une nouveauté. Les athlètes et leurs équipes qui atterrissent en hélicoptères, les espaces naturels d’autrefois transformés en arènes artificielles - tout cela a un point commun : il faut de la neige. Dans quelle direction évolue un sport qui souffre manifestement du changement climatique, mais qui semble le nier sous toutes ses formes ? Aujourd’hui, le ski qui a marqué les Alpes et a apporté également développement et prospérité, n’est plus qu’un prétexte pour un show-business démesuré, alimenté par le sponsoring, le tourisme et les droits de retransmission à la télévision et sur Internet.
Il est grand temps que le ski professionnel revienne à ses limites, qu’il s'adapte à l’évolution du climat et des saisons – et qu’il n’attende pas le contraire. Il devrait faire preuve de respect et de crainte envers la nature qui est une scène incontournable. Beaucoup d'athlètes l'ont déjà compris qui se sont prononcés en faveur d’un report du début de la saison de Coupe du monde à une date ultérieure. Comme souvent, il ne reste plus qu’à espérer que les responsables de la FIS parviennent eux aussi à cette conclusion !