« Je n’ai pas forcément besoin de survoler un océan pour vivre une expérience qui change ma vie », affirme Louise Drompt avec conviction. Durant l’été 2018, la jeune Suissesse a parcouru les Alpes en train et en bus dans le cadre du projet Youth Alpine Interrail de la CIPRA. C’était la première fois qu’elle voyageait seule, entreprenait des randonnées par ses propres moyens et rencontrait de nouvelles personnes en route. Une expérience qui a changé sa vision du voyage. Depuis, cette étudiante en sciences politiques de 24 ans s’engage au sein du Conseil des jeunes de la CIPRA pour promouvoir la mobilité durable.

Des voyages simples et durables

Un titre de transport abordable baptisé AlpTick, valable dans toutes les Alpes pour tous les transports publics : telle est la vision du Conseil des jeunes. Ce billet vise à rendre les voyages plus simples, plus durables et plus attrayants pour les jeunes, et à leur faire découvrir la diversité culturelle et naturelle des Alpes. Pour faire connaître leur idée, les membres du Conseil des jeunes ont fait un travail de persuasion auprès d’institutions telles que la Convention alpine ou la Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (Suera). En 2020, ils·elles ont par exemple organisé une discussion en ligne avec une quarantaine de représentant·es de la politique et des transports publics. Marc Stannartz a constaté par lui-même à quel point voyager en transports publics pouvait être compliqué. Dans le cadre du projet #GönnDirÖffis du Forum des jeunes de CIPRA Allemagne, il a mis deux jours pour parcourir une centaine de kilomètres, par manque de correspondances. « Contribuer à construire l’espace alpin dans lequel nous vivons » : c’est ce qui le motive à s’engager au sein du Conseil des jeunes en faveur des voyages respectueux du climat. Pour la mise en œuvre d’un billet alpin, le principal obstacle est le manque de coopération entre les décideur·euses et les responsables de la mobilité des régions concernées. « La coopération au niveau de l’UE ou de la Convention alpine est donc essentielle », conclut le trentenaire.

« Nous ne baissons pas les bras »

En octobre 2022, le Conseil des jeunes de la CIPRA a enregistré deux succès importants : lors de la Conférence alpine de Brigue (Suisse), les pays alpins se sont réunis au sein de l’«  Alliance du Simplon » pour rendre les transports neutres pour le climat d’ici à 2050, et ont intégré l’Alptick dans leur plan d’action. Par ailleurs, la Convention alpine a aussi intégré cette idée dans son Système alpin d’objectifs climat 2050. « Cela signifie que les pays alpins ont confirmé notre projet et veulent le développer : c’est une énorme étape pour nous », se félicite Louise. Pour Marc, « la volonté politique est là, mais il y a encore beaucoup à faire au niveau de la coopération et de la mise en œuvre. » Selon lui, il faudrait qu’un pays ou une région prenne les choses en main et pilote la démarche. Louise et Marc continuent à s’engager dans ce sens au sein du Conseil des jeunes de la CIPRA : « Nous ne baissons pas les bras, pour que les ministres n’oublient pas ce qu’ils ont signé. »