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Alliance des villages de montagne d’Asie centrale: Des ponts entre les montagnes

29/03/2011 / CIPRA Internationale Alpenschutzkommission
Les défis les plus durs peuvent être parfois d’un moelleux surprenant. Sur l’assiette d’Antonio Zambon se dresse une tête de mouton mijotée pendant des heures pour que la viande, y compris les yeux, soit bien tendre. Les hôtes kirghizes regardent pleins d’attente le visiteur venu de la lointaine Italie. Pas d’échappatoire. Ce régal rustique n’est pas vraiment à son goût, mais d’autre part, le geste est un honneur pour lui, le doyen de la délégation.
Antonio Zambon (deuxième en partant de la gauche) avec les collègues de l’Alliance des villages de montagne d’Asie centrale
Image caption:
Antonio Zambon (deuxième en partant de la gauche) avec les collègues de l’Alliance des villages de montagne d’Asie centrale © CIPRA International / Andreas Götz
« Le respect envers l’âge et la cohésion sociale sont encore intacts en Asie centrale », déclare M. Zambon, ancien maire de Budoia et vice-président du Réseau de communes « Alliance dans les Alpes ». Par contre, depuis l’effondrement du socialisme, routes et écoles, bâtiments publics et maisons privées sont dans un état pitoyable, qui a aussi des répercussions négatives sur l’environnement. Les maisons étant mal isolées et les poêles obsolètes, une grande partie de l’énergie de chauffage s’envole dans le froid de l’hiver. Les ménages dépensent en moyenne jusqu’à la moitié de leur budget en combustible.
Une coopération internationale veut y porter remède. Grâce à des contacts personnels, Andreas Götz, directeur de la CIPRA, et le Réseau de communes « Alliance dans les Alpes » ont commencé à effectuer des visites au Kirghizistan à partir de 2002. Lors d’une rencontre, des maires italiens et autrichiens ont évoqué l’importance des échanges existants entre les communes des Alpes et leur bon fonctionnement. Antonio Zambon a expliqué aux Kirghizes, aux Tadjiks et aux Kazakhs présents tout ce que sa commune natale apprenait des projets réalisés par d’autres : « C’était nouveau pour eux. Notre chaufferie biomasse, par exemple, est inspirée d’un modèle du Vorarlberg, la cantine avec des repas bio aussi. » L’idée fondamentale de la CIPRA, qui consiste à mettre en réseau des localités ayant le même genre de problèmes pour leur permettre de profiter des solutions des autres a convaincu. L’ « Alliance des villages de montagne d’Asie centrale » (AGOCA) a été fondée à l’unanimité.
Les deux réseaux de communes travaillent désormais ensemble. Leur thème principal : comment utiliser l’énergie de la manière la plus performante possible ? « Sur ce point, nous pouvons surtout apporter nos connaissances techniques », dit M. Zambon. Mais aussi une assistance financière. Au Kirghizistan, 650 euros suffisent pour isoler toute une maison.
La CIPRA aide son partenaire d’Asie centrale depuis le démarrage de l’AGOCA il y a sept ans. « Alliance dans les Alpes » aide aussi du geste (pour les poêles performants et les énergies alternatives) et de la voix (accès aux bailleurs de fonds). L’AGOCA a beaucoup appris de ses partenaires européens. Là-bas comme ici, les excursions entre les communes sont un excellent moyen de transmettre des méthodes qui ont fait leurs preuves pour améliorer la performance énergétique.
Il y eut pourtant des malentendus au début. « Pour les gens d’Asie centrale, l’avenir, c’est le plus grand nombre possible de routes, de lacs de barrages et de bâtiments neufs. Ils ont d’abord hoché la tête lorsque nous avons attiré leur attention sur la destruction des paysages que peut entraîner la surabondance des infrastructures », rapporte M. Zambon. Il a fallu un certain temps avant que ses interlocuteurs ne saisissent que le suraménagement que l’on observe dans les Alpes pourrait être leur problème de demain. Les partenaires européens jouent ainsi les garde-fous dans un exercice difficile : trouver le juste milieu entre la préservation et le développement, entre les valeurs anciennes et la modernité.
En tout cas, M. Zambon a réussi à trouver une issue diplomatique concernant la tête de mouton placée dans son assiette lors du repas de fête au Kirghizistan : il en a goûté un peu et l’a passée ensuite au doyen de la famille qui les recevait.

Source: Rapport annuel 2010 CIPRA International
www.cipra.org/fr/CIPRA/cipra-international