Représentations de la CIPRA

Outils personnels

  Filtres de recherche  

Nouveautés

Bilan mitigé après la VIIIe Conférence alpine

20/12/2004 / CIPRA Internationale Alpenschutzkommission
La CIPRA est déçue du manque de volonté des Etats alpins pour rédiger un protocole Population et culture à caractère obligatoire de la Convention alpine. Par contre, les ministres de l'environnement ont adressé un message clair à Bruxelles dans le domaine des transports.
Lors de la VIIIe Conférence alpine qui s'est tenue le 16 novembre à Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), les ministres ont pour la première fois adopté un plan d'action pluriannuel pour la Convention alpine qui constitue le cadre des activités des six prochaines années. Dans leur discours, presque tous les ministres se sont montrés inquiets au sujet du changement climatique et de ses retombées sur les Alpes. La présidence de la Convention alpine pour les deux prochaines années est passée de l'Allemagne à l'Autriche. La CIPRA regrette que les ministres de l'environnement des pays alpins ne soient pas parvenus à se mettre d'accord sur le successeur du Secrétaire général ad intérim, Noël Lebel. Deux Etats ont opposé leur veto au candidat favorisé par la majorité.

Un succès seulement partiel pour le protocole Population et culture
Les ministres de l'environnement des Etats alpins ont décidé que le thème de la population et de la culture ne serait traité que dans le cadre d'une déclaration et non sous la forme d'un protocole d'application à caractère obligatoire. De l'avis de la CIPRA, il est décevant que les enjeux liés à la population ne soient pas traités sur un pied d'égalité avec les thèmes touchant à l'environnement et à l'économie, qui font déjà l'objet de neuf protocoles à caractère obligatoire pour la mise en oeuvre de la Convention alpine, consacrés entre autres à la protection de la nature, aux transports et au tourisme. La garantie de l'approvisionnement de proximité dans les régions rurales, l'instruction et la formation continue, ainsi que le développement d'une architecture régionale ne seront pas traités de manière équitable par la Convention alpine. La CIPRA estime qu'un protocole consacré à la culture constituerait également une chance pour impliquer plus étroitement la population à la mise en oeuvre de la Convention alpine et donner un nouvel élan au processus alpin.
La Conférence alpine s'est toutefois montrée bienveillante à l'encontre des partisans d'un protocole à caractère obligatoire dans la mesure où la déclaration qui devra être élaborée, sera soumise à une vérification par le Comité de surveillance de la Convention alpine. Les parties contractantes auront donc à rendre des comptes sur les activités concrètes dans ce domaine.

Déclaration sur les transports : un message clair en direction de Bruxelles
Les ministres de l'environnement ont adopté une déclaration sur les transports. Au vu de la croissance permanente notamment des transports de marchandises, la CIPRA ne peut partager l'avis des ministres qui estiment que les politiques du transport ont connu des " évolutions positives " dans tous les pays alpins. Pour preuve, on peut citer l'augmentation depuis début 2004 de 20% du transport de transit sur l'axe du Brenner. De même, la CIPRA ne partage pas le point de vue des ministres de l'environnement qui affirment que la construction de nouveaux tunnels ferroviaires permet " immédiatement " de transférer une part significative du transport de la route vers le rail. Sans mesures complémentaires de politique des transports, comme l'introduction d'une redevance poids lourds liée aux prestations à l'échelle européenne, la construction de nouvelles infrastructures n'aura pas l'effet escompté. La CIPRA craint que la concentration sur ces grands projets d'infrastructures détournera l'attention des mesures urgentes qui auraient un effet positif immédiat.
Par contre, la déclaration d'intention adoptée par les ministres est importante. Elle exige qu'à l'avenir les coûts externes soient pris en compte et facturés aux transports de marchandises par la route. Les revenus provenant des péages doivent également pouvoir bénéficier aux infrastructures ferroviaires. C'est ce point qui démontrera si les Etats alpins trouveront dans un proche avenir une position commune pour défendre leurs revendications à Bruxelles avec plus de succès que par le passé.

Implication insuffisante des communes
La CIPRA est convaincue qu'une mise en oeuvre efficace de la Convention alpine dans la pratique ne se fera que si les acteurs au niveau régional et local sont conscients de son importance. Elle a donc invité les ministres à impliquer davantage les communes et les régions dans la mise en oeuvre de la Convention. A ce jour, la Convention alpine ne dispose pas de moyens financiers permettant de soutenir des réseaux et des projets de mise en oeuvre, raison pour laquelle les initiatives sont rares. La CIPRA revendique donc la mise à disposition des moyens nécessaires pour appliquer les contenus de la Convention alpine.
Mots-clés associés : Convention alpine, Traités internationaux