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Solstice dans le tourisme hivernal

08/02/2017
Le tourisme a apporté la prospérité aux Alpes. Il reste une importante source de revenus pour de nombreux territoires, mais représente aussi des risques. Le tourisme n’a pas la même place ni la même orientation dans tous les pays alpins, mais la hausse des températures et le changement du comportement des touristes imposent partout de nouvelles approches et de nouvelles stratégies. Une transformation socio-économique est nécessaire. Elle devra tenir compte des expériences du passé, de la situation actuelle et des futures potentialités du tourisme.
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© julochka / flickr

La Commission Internationale pour la Protection des Alpes (CIPRA) conçoit le présent document de position comme une contribution positive pour susciter le changement dans les destinations touristiques. Il n’existe pas de recettes générales pour un tourisme hivernal soutenable et viable. Les propositions exprimées ici sont donc destinées à alimenter la réflexion. La CIPRA est convaincue qu’un tourisme intelligemment conçu et mis en œuvre peut conjuguer différents espaces de vie dans les Alpes et les exigences multiples des populations locales et des hôtes, et contribuer ainsi à la qualité de vie. Car l’enjeu final est là : une vie de qualité dans les Alpes, en été comme en hiver.

Situation de départ et tendances

Le nombre de nuitées recule depuis des années dans les Alpes, y compris dans les grandes destinations de sports d’hiver. Le nombre des journées-skieurs diminue lui aussi depuis cinq ans dans tous les pays alpins, tout comme la longueur des séjours. Entre un tiers et un quart des stations sont déficitaires. Les attentes des touristes se sont diversifiées : ils ne sont plus forcément focalisés sur le ski, mais veulent aussi faire des raquettes, aller à des concerts, se détendre dans des espaces de bien-être ou à des stages de méditation, savourer des spécialités régionales et découvrir les coutumes locales. Les jeunes, en particulier, ne pratiquent plus les sports d’hiver qu’occasionnellement (au mieux).

Dans le cadre de la concurrence globale, la spirale d’investissements s’accélère. Les prestataires de tourisme alpins misent souvent sur une seule carte : plus grand, plus vite. Ils ratissent des marchés éloignés et attirent avec des mises en scène spectaculaires des clients venus de loin, souvent pour un seul séjour. Les budgets marketing, infrastructures et entretien grimpent.

Cette tendance se renforce avec le changement climatique. En dessous de 1000 m d’altitude, le nombre de jours de pluie dépasse déjà le nombre de jours de neige. La saison de ski est de plus en plus courte. La neige artificielle n’offre qu’un soulagement partiel. Avec les moyens d’enneigement conventionnels et autorisés, il faut trois à cinq jours consécutifs avec des températures négatives pour pouvoir fabriquer de la neige artificielle. Cela se produit de moins en moins souvent. Selon les pronostics, à l’avenir, seuls les domaines situés à plus de 1800 mètres d’altitude pourront encore miser sur le ski en 2050. Que feront les autres ?

Certaines mesures destinées à faire face à ces défis contribuent à leur tour à renforcer le changement climatique, par exemple lorsqu’on attire des touristes de pays lointains qui voyagent en avion. Elles ont parfois de lourds impacts sur l’environnement et sur le bien-être des populations. L’utilisation de canons à neige, par exemple, entraîne une augmentation exponentielle de la consommation d’eau et d’énergie. Des études réalisées en France ont montré que dans certaines stations de ski, la qualité de l’eau potable est dégradée par le prélèvement d’eaux contaminées des retenues collinaires, par les apports d’eau prélevés dans d'autres réserves et par les additifs utilisés pour les grands événements sportifs. Les impacts sur les paysages et les systèmes hydrologiques peuvent provoquer une érosion des sols et des glissements de terrain qui menacent la sécurité des personnes. Le bruit et les émissions de particules fines engendrés par le trafic touristique affectent la qualité de vie non seulement dans les destinations de sports d’hiver, mais aussi le long des itinéraires d’accès aux stations.

Les images alléchantes de montagnes enneigées et de paysages intacts que les prestataires touristiques font miroiter à leurs clients correspondent de moins en moins à la réalité. Or, pour de nombreuses destinations et opérateurs touristiques, remettre en question le ski alpin reste un sacrilège. Malgré les perspectives incertaines, ils continuent de miser sur le développement des infrastructures de ski. L’appel au financement public des activités de marketing et des infrastructures s’intensifie, le risque est reporté sur la société.

Exigences

  • Un tourisme soutenable respecte les limites des ressources disponibles et favorise les approches innovantes !
  • Pas d’exploitation des glaciers et des paysages encore intacts !
  • Démanteler les installations désaffectées et réduire les zones constructibles surdimensionnées !
  • Créer et diffuser des offres de mobilité compatibles avec l’environnement !
  • Les aides au tourisme doivent s’inscrire dans des stratégies territoriales holistiques !
  • S’inspirer des pionniers !

 

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