Avec la forte augmentation des températures observée dans les Alpes, la période de végétation s’allonge et la limite de la forêt s’élève. En 2100, elle pourrait se situer 400 mètres plus haut selon des scénarios conservateurs. La composition des espèces va également changer : parallèlement à la forte augmentation des dégâts dus aux tempêtes, le changement climatique permet également aux parasites d’atteindre des altitudes plus élevées. Ce qui est déjà une réalité depuis des années dans d’autres régions d’Europe, touche désormais de nombreux territoires alpins. Cette année, le Tyrol du Sud a sonné l’alarme face à l’énorme menace que fait peser le bostryche (scolyte typographe) sur les forêts protégées. Dans le Tyrol oriental, 3,2 millions de m³ de bois ont été endommagés, soit 15 fois de plus qu’une année normale. En 2019, la région Auvergne-Rhône-Alpes avait elle aussi été particulièrement touchée.

La sylviculture privilégie souvent les plantations d’épicéa, une essence à croissance rapide. Or, ces monocultures sont une proie toute trouvée pour le bostryche. Dans ce type de peuplement, il peut même arriver que quatre générations se forment dans une seule année, au lieu des deux ou trois habituelles. Une femelle peut ainsi avoir de 100 000 à 250 000 descendants au cours d’une période de végétation. Par ailleurs, la sécheresse affaiblit les arbres, qui ne peuvent plus produire suffisamment de résine protectrice.

Le bostryche est problématique en particulier lorsqu’il se heurte aux intérêts des forêts exploitées. Dans les espaces protégés tels que le parc national de Berchtesgaden, il est en revanche considéré comme un facteur qui peut aider à transformer la forêt en une forêt de montagne mixte et plus saine. Une telle forêt est plus riche en espèces, ce qui contribue à long terme à renforcer son rôle de protection. Bien que le bostryche cause actuellement d’immenses dommages économiques au secteur forestier, l’espoir demeure que cet insecte ravageur contribue à faire naître une forêt de montagne adaptée au climat. Pour cela, nous avons besoin de forestières et forestiers prévoyant·e·s.

Informations complémentaires :

www.ecologie.gouv.fr/impacts-du-changement-climatique-montagne-et-glaciers (fr), https://cittaclima.it/approfondimenti/montagna-e-clima/ (it), www.zamg.ac.at/cms/de/klima/informationsportal-klimawandel/klimazukunft/alpenraum (de), www.wsl.ch/en/news/2022/05/is-climate-change-raising-the-forest-line.html (en, de, fr, it), https://lwf.bayern.de/mam/cms04/boden-klima/dateien/a71-wo-der-wald-an-grenzen-stoesst.pdf (de), Bässler, C., Hothorn, T., Brandl, B., Müller, J., 2013. Insects overshoot the expected upslope shift caused by climate warming. (en). www.suedtirolnews.it/chronik/borkenkaefer-bedroht-immer-mehr-die-waelder (de), www.dolomitenstadt.at/2022/08/03/220-mio-borkenkaefer-gingen-in-osttirol-in-die-falle/ (de), www.onf.fr/onf/recherche/+/2bc::epidemie-de-scolytes-dans-le-nord-est-de-la-france-quelles-consequences-en-auvergne-rhone-alpes.html (fr), Seidl, R., Müller, J., Hothorn, T., Bässler, C., Heurich, M., Kautz, M., 2016. Small beetle, large-scale drivers: How regional and landscape factors affect outbreaks of the European spruce bark beetle. Journal of Applied Ecology 53, 530–540 (en), www.forstpraxis.de/kleines-einmaleins-des-borkenkaefers-20505 (de), www.berchtesgaden.de/nationalpark/pflanzen-tiere/tiere/borkenaefer (de), Beudert, B., Bässler, C., Thorn, S., Noss, R., Schröder, B., Dieffenbach-Fries, H., Foullois, N., Müller, J., 2015. Bark beetles increase biodiversity while maintaining drinking water quality. Conservation Letters 8, 272-281 (en), www.bund-naturschutz.de/ueber-uns/erfolge-niederlagen/nationalpark-bayerischer-wald/borkenkaefer-im-nationalpark (de), www.swissinfo.ch/eng/switzerland-s-forests-of-the-future-/47628176 (en, de, fr, it), www.nationalpark-bayerischer-wald.bayern.de/service/downloads/doc/broschuere/forschungsbroschuere_ba.pdf (de), www.bund-naturschutz.de/ueber-uns/erfolge-niederlagen/nationalpark-bayerischer-wald/borkenkaefer-im-nationalpark (de)