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L’histoire du climat fond avec les glaciers

04/05/2022 / Veronika Hribernik, CIPRA International
Comment se présente le recul des glaciers en Autriche, pourquoi les recouvrir n’est pas une solution durable et comment une équipe de recherche sauvegarde une partie des archives climatiques des glaciers alpins.
Image caption:
Un glacier protégé pour des raisons économiques : les bâches qui recouvrent la langue du glacier du Rhône (Suisse) protègent une attraction touristique, une grotte de glace artificielle recreusée chaque année. (c) Matthias Huss, WSL

« On trouve dans la glace des glaciers plus d’informations sur le climat du passé que dans n’importe quel livre », a rappelé Ingrid Hayek, vice-présidente du Club alpin autrichien (ÖAV), lors de la présentation par l’organisation de son Rapport sur les glaciers 2020/2021. Les données et mesures actuelles montrent que les géants de glace ont reculé en moyenne de onze mètres en 2021, soit un peu moins que l’année précédente. Selon le rapport, le glacier le plus touché est le Schlatenkees dans le groupe du Venediger (Autriche), qui accuse un recul de près de 55 mètres. D’après les expert·e·s, les glaciers alpins auront en grande partie disparu d’ici la fin du siècle.

« Nous sommes en passe de perdre l’une des archives les plus importantes des événements climatiques extrêmes », préviennent les chercheuses et chercheurs de l’Académie autrichienne des sciences (ÖAW). Afin de préserver une partie de ces archives, ils·elles ont prélevé de nombreuses carottes de glace au sommet de la Weissseespitze (Autriche). L’analyse de ces carottes permet de remonter jusqu’à 6000 ans dans l’histoire du climat. Ces données aident notamment à modéliser les futurs épisodes de crues dans les Alpes.

Entre-temps, la pose de bâches géotextiles sur les géants de glace est de plus en plus utilisée pour ralentir leur fonte. Des chercheurs et chercheuses italien·ne·s spécialisé·e·s dans l’étude du climat et des glaciers expliquent dans une lettre ouverte pourquoi cela peut fonctionner dans certains cas, mais ne constitue pas une solution durable : les bâches sont généralement fabriquées à partir de matériaux non recyclables, leur transport vers les glaciers provoque des émissions supplémentaires, et des particules de plastique se retrouvent dans la glace et l’eau de fonte. Par ailleurs, les glaciers sont des écosystèmes vivants qui sont le siège de processus dynamiques – ce qui n'est pas le cas lorsqu’ils sont recouverts de bâches en plastique. Qualifier de telles actions d’opérations de sauvetage des glaciers relève donc du « greenwashing ». Le message des scientifiques est clair : la seule façon de freiner la fonte des glaciers est de réduire les émissions et d’endiguer le réchauffement climatique.


Sources et informations complémentaires :

www.alpenverein.at/portal/service/presse/2022/2022_04_01_gletscherbericht-2020-21.php (de), science.orf.at/stories/3212329/ (de), www.planetmountain.com/it/notizie/ambiente/coprire-i-ghiacciai-con-teli-non-significa-salvarli.html (it), www.repubblica.it/green-and-blue/2022/01/26/news/glac-up_ghiacciai_greenwashing_critica-335180003/ (it), www.oeaw.ac.at/news/6000-jahre-klimageschichte-alpengletscher-schmelzen-abnormal-schnell-1 (de), www.wsl.ch/fr/news/2021/04/couverture-des-glaciers-efficace-mais-couteuse, www.wsl.ch/de/schnee-und-eis/gletscher-und-polare-eisschilde/gebirgsgletscher.html (de, en), www.wsl.ch/de/2020/10/gletscherschwund-setzt-sich-unvermindert-fort (de)