Qu’il s’agisse du développement des énergies renouvelables, du développement de l’urbanisation ou du tourisme, la surface disponible dans l’arc alpin est limitée. Elle doit être utilisée avec parcimonie, en prenant en compte les aspects écologiques, sociaux et économiques. La topographie montagneuse de l’arc alpin impose des limites naturelles au développement. Cela aggrave encore davantage les conflits d’utilisation du sol par rapport aux régions extra-alpines. On peut donc considérer les Alpes comme un foyer de conflits d’usage¹. L’aménagement du territoire alpin demande une approche globale, dans le meilleur des cas à l’aide d’un instrument de planification complet. Certains pays alpins, comme l’Autriche, ne se sont pas encore dotés d’un tel instrument au niveau national : un coup d’œil sur ce qui se fait au-delà des frontières pourrait leur être riche d’enseignements.

Le Land allemand de Bavière a adopté le « Plan Alpin » en 1972. Ce Plan est considéré comme un instrument classique d’aménagement du territoire. Il découpe le territoire alpin bavarois en trois zones. L’objectif était à l’époque de permettre le développement de différentes formes de tourisme dans un espace alpin naturellement restreint, en donnant une place à des offres intensives (par exemple les domaines skiables) et extensives (par exemple la randonnée).

Aujourd’hui, la pression d’aménagement touristique liée à la mise en place de nouvelles remontées mécaniques, pistes de ski, installations d’enneigement et retenues collinaires, n’est plus le seul défi. Les intérêts d’exploitation s’amplifient dans les régions alpines. Éoliennes et lignes à haute tension sur les crêtes, barrages dans les hautes vallées, installations photovoltaïques sur les prairies alpines, pylônes émetteurs sur les sommets : la crise du climat, de la biodiversité et de l’énergie pose d’immenses défis d’aménagement du territoire dans les Alpes. Nous avons donc besoin d’élargir l’instrument du « Plan Alpin » au-delà des frontières de la Bavière et de la thématique du tourisme. Ce ne sera possible que dans le cadre d’une coopération intensive entre les secteurs et entre les collectivités territoriales, à tous les niveaux administratifs. Un plan de développement territorial pour l’aménagement du territoire alpin pourrait y contribuer. En Autriche, par exemple, un tel plan figure dans le programme gouvernemental. Jusqu’à présent, il n’a pas encore été mis en œuvre. 50 ans plus tard, l’aménagement du territoire alpin a de nouveau la possibilité de jouer un rôle pionnier. Saisissons cette chance !