Représentations de la CIPRA

Outils personnels

  Filtres de recherche  

Nouveautés

Critiques de Bruxelles pour la politique alpine des transports

26/11/2014 / alpMedia
Stratégie court-termiste, insuffisante, incohérente : une étude réalisée récemment pour le compte du Parlement européen remet en question les politiques et les projets de transfert du transport des marchandises de la route vers le rail. Pourquoi le soutien européen au « Lyon-Turin » s’effrite et pourquoi le peuple suisse a le dernier mot.
Image caption:
Une étude du Parlement européen constate de nombreuses lacunes dans le projet ferroviaire Lyon-Turin. © erysipel / pixelio.de

La commission Transports du Parlement européen a examiné début novembre une étude actualisée sur les projets européens de RTE-T, à savoir les grands axes de transport qui doivent relier l’Europe. Le document se penche entre autres sur le projet de ligne ferroviaire entre Lyon/F et Turin/I, qui prévoit la construction d’un tunnel de base, et examine également celui du Gothard en Suisse.

De nombreux points d’interrogation pour le « Lyon-Turin »

La conclusion de l’étude sur la nouvelle liaison ferroviaire entre Lyon et Turin est très mitigée. Elle souligne notamment que des étapes importantes de la planification d’un tel grand projet ont été court-circuitées : il n’y a pas eu d’étude comparative des coûts et bénéfices d’autres solutions et les études d'impact sur l'environnement n'ont pas été menées conformément aux directives européennes. La première analyse coûts-bénéfices accessible au public n’a été réalisée par les promoteurs qu’en 2012, soit 20 ans après le début de la planification des travaux. On ne dispose toujours pas actuellement d’une analyse financière pour la phase d’exploitation. La transparence et la participation du public sont lacunaires. L’étude remet également en question le bien-fondé de la nouvelle ligne et indique que les projections annonçant une augmentation de la quantité de marchandises transportées sur ce trajet ne sont pas exactes. Elle souligne par ailleurs que les capacités de la ligne existante sont encore suffisantes pour les 20 prochaines années. La Commission européenne ne veut désormais plus financer le projet dans son ensemble, mais le financer par étapes. Michael Cramer, président de la commission Transports du Parlement européen, identifie dans cette réaction un premier désengagement vis-à-vis du projet.

Fréjus et Gothard : les tunnels routiers nuisent au rail

Le tunnel ferroviaire « Lyon-Turin » est aussi remis en question par les auteurs de l’étude, suite à la mise en chantier de nouveaux tunnels routiers par la France, l’Italie et la Suisse. Les nouvelles lignes ferroviaires très dispendieuses risquent ainsi de rester inutilisées. Cette préoccupation est partagée par une large alliance regroupant plus de 40 organisations suisses. Le tunnel de base du Gothard, qui aura coûté 12 milliards de francs suisses, sera ouvert au trafic ferroviaire en 2016. Parallèlement, le gouvernement et le Parlement veulent construire un deuxième tube pour le tunnel routier existant, afin de réaliser les travaux de réparation nécessaires. Les politiques promettent que par la suite, une seule voie sera ouverte au trafic dans chaque tube, mais aujourd’hui déjà, la bande d’arrêt d’urgence est transformée en deuxième voie sur certains tronçons en cas de besoin. Actuellement, des signatures sont recueillies pour lancer un référendum contre la construction d’un deuxième tube. Les électeurs suisses pourraient se prononcer dès juin 2015 pour une politique des transports cohérente : en 1994, les Suisses avaient déjà ancré la limitation du trafic de transit dans la Constitution, avec l’ajout d’un article sur la protection des Alpes. La décision d’ouvrir le deuxième tube du tunnel du Fréjus aux poids-lourds a en revanche déjà été prise ; cela a été confirmé au cours de la Conférence Franco-italienne de décembre 2012 à Lyon.

Les pays alpins doivent avancer dans le même sens

Selon l’étude du Parlement européen, le doublement du tunnel du Fréjus va à l’encontre du projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin et de la politique climatique commune. Tous les projets routiers qui facilitent le passage des camions et les projets ferroviaires qui ne bénéficient pas d’un appui politique devraient donc être abandonnés, selon les auteurs de l’étude. On a besoin d’une politique cohérente et d’incitations financières pour le transfert du trafic vers le rail dans l’ensemble des Alpes. La première priorité devrait donc être la mise en place de conditions-cadres à l’échelle du massif, visant à assurer un report effectif et rapide du transport des marchandises de la route vers le rail.


Source et informations complémentaires : http://www.alpeninitiative.ch/nein-2te-roehre/medien/medieninfos/141007_pk.html, http://www.karimadelli.com/index.php?rub=medias&pg=dans-la-presse&spg=&act=afp-bruxelles-juge-surdimensionne-le-projet-de-tgv-lyon-turin, http://www.cipra.org/en/publications/update-on-investments-in-large-ten-t-projects-study-provisional-version (en, de), http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/sommet-franco-italien-3/, http://www.acac73.org/2014/11/fin-du-creusement-du-deuxieme-tube-du-tunnel-routier-du-frejus-une-victoire-pour-la-predominance-du-trafic-poids-lourds-dans-les-alp






Mots-clés associés : alpMedia 11/2014