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Point de vue : Les excès des Jeux olympiques

23/03/2022
Coûts de construction élevés, installations sportives inutilisées, grands projets néfastes pour l’environnement : les critiques autour de l’organisation des Jeux olympiques 2026 à Milan et Cortina en Italie ne désarment pas. Nous devons nous demander si de tels événements sportifs ont encore leur place dans les Alpes, déclare Vanda Bonardo, présidente de CIPRA Italie.
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Vanda Bonardo, présidente de CIPRA Italie. (c) Stefano Ceretti

Une nouvelle piste de bobsleigh sera construite à Cortina pour les Jeux olympiques de 2026. Son coût est chiffré à 61 millions d’euros, mais ce montant sera certainement dépassé. Les grands équipements tels que les pistes de bobsleigh ou les tremplins de saut à ski sont certes indispensables aux compétitions, mais la plupart du temps abandonnés après les Jeux. Ce qui est d’ailleurs normal, car ces sports ne sont pratiqués que par un très petit nombre de personnes. Or, bien que le CIO recommande d’utiliser les installations existantes, les institutions régionales et locales veulent à tout prix construire de nouvelles installations.

Les Jeux olympiques engendrent aussi d’autres problèmes. Les autorités locales y voient une belle occasion de sortir des tiroirs des projets de toutes sortes. Il s’agit en général de nouveaux projets d’infrastructures routières qui ont rarement une utilité réelle pour les communes. Mais cela ne s’arrête pas là : la région de Vénétie a récemment commandé une étude de faisabilité pour la construction de liaisons inter-stations entre les domaines skiables de Cortina, Civetta et Alta Badia. Ces projets auraient un impact environnemental extrêmement élevé dans des zones de grande valeur naturelle. Présentés – à tort – comme une forme de mobilité durable et qualifiés de « connectés », ils ne sont par ailleurs absolument pas adaptés aux Jeux.

Dans la lointaine Pékin, on a fait passer pour verts des Jeux olympiques totalement artificiels. Aujourd’hui, le risque est réel de voir les JO d’hiver 2026 se confirmer comme le moteur d’un modèle de développement qui n’est plus acceptable dans une zone de montagne sensible comme les Alpes. CIPRA Italie, avec des comités et d’autres associations, fera tout pour s’opposer à ces projets absurdes. Nous avons besoin d’une réflexion européenne sur la valeur et l’importance de ces grands événements. Il faudra au moins que les recommandations de l’Agenda olympique 2020 du CIO – qui ne sont pas respectées actuellement – deviennent des règles contraignantes à intégrer dans le dossier de candidature pour que celle-ci soit recevable. À l’ère du changement climatique, nous devrons sinon nous demander si cela a encore un sens d’organiser ces événements sportifs en montagne, ou s’il n’est pas temps de mettre un terme à une tradition passionnante, mais désormais anachronique.

Plus d'informations dans le podcast de la CIPRA (it) :