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Le " château d'eau " des Alpes sera-t-il bientôt privatisé ?

15/02/2013 / alpMedia
La proposition de Bruxelles de privatiser les services de l'eau provoque des remous. Un aperçu sur les contenus de la directive et sur une initiative citoyenne largement suivie qui cherche à stopper le texte. Et sur la nécessité d'une stratégie commune pour les Alpes et pour l'Europe.
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Les Alpes, château d'eau de l'Europe : l'ONU a reconnu en 2010 l'accès à une eau potable propre et de qualité comme un droit humain, et a proclamé 2013 " Année internationale de la coopération dans le domaine de l'eau ".
La nouvelle directive sur l'attribution de contrats de concessions pour les services liés à l'eau vise à améliorer la transparence dans ce domaine : les communes qui organisent les services de l'eau en partie ou en totalité par le biais de prestataires privés devront à l'avenir lancer un appel d'offres européen. Conséquence : l'offre la plus avantageuse l'emporte. Jusqu'à présent, les communes pouvaient décider elles-mêmes de qui fournissait l'eau à leurs citoyens et dans quelles conditions.

Privatisation par la petite porte
La proposition de directive, qui sera votée dès le printemps par le Parlement européen, a suscité de vives réactions. Les syndicats intercommunaux sonnent l'alerte : selon eux, les services publics locaux ne pourront pas concurrencer les multinationales. Les critères de prix, de qualité et de protection de l'environnement sont difficiles à satisfaire. La conséquence : une eau chère et de mauvaise qualité. C'est ce qui s'est passé à Grenoble et à Klagenfurt, qui avaient privatisé l'approvisionnement en eau potable. Les deux villes ont aujourd'hui remunicipalisé les services de l'eau. La ville de Grenoble soutient aujourd'hui l'initiative citoyenne européenne " L'eau est un droit humain ". Cette initiative a déjà été signée par plus d'un million de citoyens européens, qui demandent à la Commission européenne que " les services des eaux soient exclus de la libéralisation ".
À partir de 2020, les communes qui font plus de 80 % du chiffre d'affaires sur leur propre territoire seront exclues de l'obligation d'appel d'offres. Le hic : les régies municipales proposent aussi souvent d'autres services comme l'approvisionnement en gaz et électricité dans leur commune, mais aussi dans les communes voisines. Le chiffre d'affaires réalisé avec les services d'électricité étant en général supérieur à 20 %, les services liés à l'eau devront donc à l'avenir faire l'objet d'appels d'offres. La privatisation entre ainsi par la petite porte, critiquent les détracteurs. À Bruxelles, certains taxent cette discussion de tempête dans un verre d'eau.

Une stratégie commune pour l'espace alpin
La privatisation ouvre le secteur à la concurrence. Dans le même temps, les contraintes liées à l'utilisation de la ressource en eau augmentent. Sous l'effet du changement climatique - diminution des précipitations, sécheresse croissante en été et chutes de neige moins importantes en hiver -, la disponibilité de l'eau dans les Alpes va fortement diminuer, avertissent les scientifiques. L'augmentation des conflits entre la fourniture d'eau, la production d'énergie, le tourisme, l'agriculture et la protection de la nature est programmée. Les cours d'eau alpins alimentent aujourd'hui 170 millions de personne en eau. La souveraineté sur l'eau est du ressort des pouvoirs publics. Elle ne doit donc pas être laissée aux mains de quelques grands groupes, exige la CIPRA. On a besoin au contraire d'une stratégie commune des États alpins et de l'Union européenne pour une gestion durable de l'eau. La question des responsabilités en matière de gestion durable de l'eau dans les Alpes sera au cœur des débats de la Conférence annuelle de la CIPRA organisée à l'automne 2013 en Italie.
Liens vers l'initiative citoyenne, le Compact CIPRA sur la gestion de l'eau face au changement climatique et les sources : www.cipra.org/de/alpmedia/dossiers/23, http://derstandard.at/1358304543578 (de), www.wdr.de/tv/monitor//sendungen/2012/1213 (de), http://jetzt.sueddeutsche.de/texte/anzeigen/564942 (de), www.partagedeseaux.info/article474.html?id (fr), www.right2water.eu,
www.europarl.europa.eu/document/activities (en)