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Madeleine Rohrer © Madeleine Rohrer

Depuis des siècles, les Alpes sont un lieu de désir. En plus d’une nature fascinante, d’un climat agréable et d’un paysage culturel porteur d’identité, elles offrent des ressources quasiment illimitées comme l’eau, et donc des énergies renouvelables. Or c’est aujourd’hui, c’est-à-dire dans les quelques années à venir, que va se décider combien de temps les Alpes resteront un lieu de désir et une destination refuge. Car la chaleur, la sécheresse et la montée lente, mais constante du niveau de la mer, ainsi que la lutte pour les ressources, nous privent aujourd’hui déjà de nos moyens de subsistance.

L’afflux de personnes venues entre autres des régions côtières de l’Asie à la recherche d’un nouveau lieu de vie poussera à l’avenir notre société à la limite de ses capacités. La poursuite du réchauffement du climat mondial provoquera également des tempêtes de plus en plus fréquentes et toujours plus extrêmes dans les Alpes, à l’instar de la tempête Vaia qui a frappé l’Italie en automne 2018, ainsi que de fortes précipitations accompagnées de coulées de boue et d’inondations. Les habitant·e·s des Alpes vont bientôt atteindre les limites des possibilités de protection et d’adaptation.

À la fin de ce siècle, les Alpes ne seront plus une « île des bienheureux ». La crise climatique qui s’aggrave touche également ce lieu de désir que sont les Alpes – et va bouleverser nos sociétés.

Madeleine Rohrer est directrice de CIPRA Tyrol du Sud et a été, de 2015 à 2020, adjointe au maire de Merano (Italie) en charge de la mobilité, de l’urbanisme et de l’environnement.