Trois ans après le dernier échec dans les urnes, les organisations professionnelles et le canton suisse des Grisons préparent déjà la prochaine candidature aux Jeux Olympiques. Les électeurs seront appelés à se prononcer en février 2017. Les cantons de Vaud et du Valais ont eux aussi manifesté leur intention de participer à la course à l’organisation des Jeux Olympiques. Deux autres initiatives demandent que les Jeux d’hiver soient organisés par le pays entier. La fièvre olympique ne se limite pas à la Suisse : Innsbruck réalise actuellement une étude de faisabilité en vue d’une éventuelle candidature commune des régions du Tyrol, du Tyrol du Sud/Haut-Adige et du Trentin.

Accueil tiède de la population

Les organisations touristiques et professionnelles ont beau rêver de gloire olympique et d’une manne de recettes touristiques, les jeux n’ont pas l’aval de la population. Les candidatures des Grisons, de Munich, de Cracovie, de Barcelone et de Stockholm aux Jeux 2022 ont échoué face à la résistance de la population, qui craignait avant tout une surenchère financière et un manque de durabilité dans la construction des nouveaux sites de compétition.

Des coûts et des risques élevés

Pour les initiateurs de « Grisons 2026 », les Jeux devront avant tout permettre d’augmenter les recettes dans un secteur touristique qui bat de l’aile. Le tourisme d’hiver, en particulier, est confronté à une situation difficile liée à plusieurs facteurs : changement climatique, baisse de fréquentation des stations de ski, franc fort. Or, les expériences du passé ont montré que les Jeux Olympiques coûtent en général plus cher que ce qu’ils ne rapportent. Depuis 1964, le budget des Jeux Olympiques d’hiver a été dépassé en moyenne de 137 %. Aucune étude scientifique n’a pu identifier des effets positifs à long terme des Jeux Olympiques sur la situation économique de Lillehammer, Calgary et Albertville. Au contraire : les Jeux représentent un risque financier important pour le pays organisateur et l’obligent à signer des contrats léonins avec le Comité International Olympique. La CIPRA souligne ces éléments dans son dossier spécial sur les Jeux Olympiques, qui présente une synthèse des expériences en matière de Jeux Olympiques d’hiver dans les Alpes.

« L’Agenda 2020 » est un prétexte

Après le retrait des candidatures à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2022, seuls deux candidats sont restés en lice : les dictatures du Kazakhstan et de la Chine. Le CIO a adopté en 2014 la réforme « Agenda olympique 2020 », destinée à polir l’image écornée du CIO. La nouveauté des 40 recommandations adoptées se traduit essentiellement par l’utilisation fréquente du mot « durabilité ». Elles ne contiennent aucun changement fondamental en matière de durabilité économique, écologique et sociale. Barbara Wülser, directrice adjointe de CIPRA International, le souligne : « Avant que l’on puisse discuter d’une nouvelle édition des Jeux dans les Alpes, il faudra d’abord que le CIO remanie de fond en comble ses règlements et ses structures, qu’il garantisse les valeurs fondamentales de la démocratie dans les pays organisateurs et qu’il tienne compte des principes du développement durable dans la planification et la réalisation des Jeux Olympiques d’hiver. »

Sources et informations :
www.nolympia.de/2014/11/40-empfehlungen-wie-das-ioc-seinen-geschaeftsumfeld-erweitern-will (de), www.nolympia.de/grunde-gegen-olympia-2018/vertrage-des-ioc/  (de), www.olympia-nein.ch/go/aktuelles/meldungen/spgr.php (de), www.olympia-nein.ch/go/argumente/wunsch-oder-wirklichkeit.php (de), www.nzz.ch/schweiz/olympische-winterspiele-2026-noch-vier-projekte-im-rennen-ld.115605 (de), www.cipra.org/fr/dossiers/les-jeux-olympiques