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Etablir une communication entre humains et prédateurs

26/08/2014 / alpMedia
Les grands prédateurs que sont l’ours, le loup et le lynx sont de nouveau en progression en Europe. Ceci engendre des conflits de plus en plus fréquents entre l’Homme et l’animal – surtout dans l’espace alpin. Une coordination entre les états peut contribuer à une cohabitation harmonieuse.
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Les humains ont oublié comment se comporter vis-à-vis des prédateurs – en cas de rencontre, les conflits sont fréquents. © Tambako_the_Jaguar, flickr

Poursuite, destruction de leur habitat naturel et diminution de leurs proies ont conduit à un recul important des populations d’ours, de loups et de lynx dans l’espace européen. Les grands prédateurs reviennent cependant peu à peu. Ils réussissent de plus en plus souvent à reconquérir d’anciens habitats. Des projets de déplacement et de réintroduction ont connu un certain nombre de succès régionaux. Désormais dans chacun des 21 Etats membres de l’UE vit au moins une espèce de prédateur. L’espace alpin, qui est d’une grande importance pour la diversité des espèces, offre des conditions favorables à l’installation des prédateurs. Par ailleurs, plus une population est disséminée, plus sa chance de survie est importante.

Une cohabitation conflictuelle

Le retour de l’ours, du loup et du lynx génère cependant de nouveaux défis. Les conflits sont souvent prévisibles. En effet, les animaux traversent souvent sur leurs parcours des territoires dans lesquels aucun prédateur n’a plus vécu depuis plus de 100 ans. Les hommes n’ont plus l’habitude de cohabiter avec ces derniers d’autant plus que les conditions éocio-économiques ont évolué. Cela conduit souvent à des situations conflictuelles – comme en témoignent les récents comptes rendus des médias dans les pays alpins. En Suisse orientale par exemple où vit depuis quelques années une meute de loups dans le massif de Calanda. Les adversaires de la meute se sont organisés, explique Anita Mazzetta du WWF Grisons : « Ils portent désormais leurs revendications, radicales et tapageuses, sur la scène politique. Le mécontentement est surtout attisé par les médias dont les articles sont irréfléchis et racoleurs. »

En France, malgré une opinion publique globalement favorable à la présence du loup sur le territoire, (Ifop, 2013) un projet de loi présenté en juillet 2014 permettra d’abattre jusqu’à 36 loups sur la période 2014 - 2015.

En Italie, une ourse qui voulait défendre ses petits contre un promeneur fait la une des journaux. Elle est classée par les autorités comme "à problème" en l’absence de toute preuve scientifique. Le gouvernement veut enfermer l’animal, tout en laissant ses deux petits âgés de sept mois continuer à vivre seuls en liberté.

Il faut un médiateur transnational d’urgence

Si l’on veut permettre à long terme la cohabitation des hommes et des animaux dans les territoires densément peuplés, il faut prendre au sérieux les difficultés et les craintes des hommes. La Commission européenne a créé une nouvelle plateforme à cet effet. Elle permet aux acteurs concernés tels que les agriculteurs, les chasseurs ou les propriétaires terriens mais aussi aux chercheurs scientifiques ou aux protecteurs de la nature, d’échanger autour d’expériences et de bonnes pratiques. « Nous devons traiter nos voisins les animaux avec respect, mais aussi prendre en considération les soucis de ceux qui sont à proximité directe des prédateurs. », déclare Janez Potočnik, commissaire de l’UE. Grâce à la plateforme, des conflits menaçants pourraient être minimisés ou même évités.

La CIPRA, elle aussi, souligne dans une lettre ouverte aux ministres de l’environnement des Etats alpins que la cohabitation entre les hommes et les prédateurs ne peut réussir qu’avec l’aide d’une coordination transfrontalière. La Convention alpine offre un cadre réglementaire tout à fait adéquat.

Source et informations complémentaires : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-14-648_en.htm (en), http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/07/14/qui-veut-tuer-le-loup_4456036_3244.html, http://www.suedostschweiz.ch/zeitung/gegner-von-wolf-und-baer-werden-staerker (de)

Mots-clés associés : alpMedia 08/2014, Grands predateurs