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Efficience énergétique: la réserve oubliée

01/07/2005 / CIPRA Internationale Alpenschutzkommission
10% de l'énergie électrique consommée par les ménages européens est due aux systèmes de stand-by des objets ménagers, annonçait en 2004 l'Union européenne. A l'horizon 2015, les spécialistes de la politique de l'énergie s'attendent à une pénurie d'électricité. Au lieu de concentrer les efforts sur l'économie d'énergie, de nouvelles installations sont planifiées dans les Alpes comme partout en Europe.
La menace d'une pénurie d'électricité en Europe est basée sur des calculs simples de croissance linéaire de la consommation dans la perspective du déclenchement des centrales nucléaires désuètes entre 2015 et 2025. Pour assurer la transition jusqu'au branchement d'éventuelles nouvelles centrales nucléaires, la "solution" consiste à construire des centrales au gaz naturel de 200 à 500 MW. En Europe, il manquera 300 GW à l'horizon 2025, selon l'UCTE, l'union pour la coordination du transport de l'électricité dans 22 pays européens. Une centaine d'installations de ce type seraient donc nécessaires, avec des conséquences évidentes sur le climat du fait des émissions de CO2. Le potentiel d'augmentation de la production hydroélectrique par une amélioration de la puissance des installations et la construction de nouveaux barrages est estimé à moins de 10%.

Les consommateurs, acteurs et prisonniers de la croissance
L'objectif d'un consommateur final n'est pas de consommer plus d'énergie électrique mais bien de profiter d'un service qui lui permet de répondre à des besoins et des attentes. Jusqu'ici, les conditions cadres ne sont pas réunies pour lier les acteurs du marché de l'énergie à une utilisation efficiente de celle-ci par les consommateurs. Il est nécessaire de passer d'un marché libre de l'énergie à un marché répondant aux besoins liés à l'énergie, de façon respectueuse de l'environnement et à un prix adapté pour le consommateur. Ceci implique que les acteurs du marché de
l'énergie soient impliqués non seulement dans la mise à disposition de celle-ci, mais également dans son utilisation la plus rationnelle possible. Dans son rapport " Die vergessene Säule der Energiepolitik ", le Wuppertal Institut montre qu'il est nécessaire de mettre en place les conditions cadres qui responsabilisent les acteurs du marché de l'énergie à la façon dont leur produit, l'électricité, est utilisé.
La séparation du marché de l'énergie et du marché de l'efficience énergétique mène à une consommation croissante d'énergie. Pour un opérateur électrique, l'objectif est d'accroître ses ventes et, par conséquent, chaque réduction de l'efficience énergétique ne peut que le réjouir.

Moins de ventes pour plus de bénéfices ?
Dans un marché ouvert qui devrait se stabiliser, il serait intéressant pour les opérateurs, également d'un point de vue économique, d'être impliqués sur le marché sous-exploité de l'efficience énergétique. Cette démarche impliquerait également des avantages du point de vue de la fidélisation de la clientèle et du marketing. Le consommateur aurait tout à gagner. Si la mise en place par le législateur de conditions cadres est certainement nécessaire, il est intéressant déjà aujourd'hui pour une compagnie d'électricité d'investir chez ses clients pour réduire leur consommation, à confort et productivité inchangés, plutôt que d'investir dans une nouvelle centrale ou d'acheter des parts dans des centrales appartenant à d'autres compagnies.

Les législateurs à la traîne
Le 13 mars 2005, le Parlement européen a adopté une directive encourageant l'éco-conception de produits consommateurs d'énergie. Cette directive a pour objet d'améliorer les performances environnementales des produits tout au long de leur cycle de vie par une prise en compte systématique des aspects environnementaux dès leur conception. Résultat d'un compromis avec les lobbies de l'énergie, cette directive devrait être précisée pour sa mise en œuvre. Elle ne comporte pas de dispositions directement contraignantes mais les produits qui satisfont à ces exigences bénéficieront d'une plus grande facilité à circuler au sein de l'UE. Une démarche pathétique lorsqu'elle est mise en perspective avec les enjeux de la croissance de la consommation d'électricité en Europe.