A quoi sert le tourisme hivernal ?

Montagnes enneigées, paysages intacts, nuits silencieuses au clair de lune : les promoteurs touristiques véhiculent une image des Alpes en hiver qui est de plus en plus éloignée de la réalité. Celle-ci est faite davantage de pistes de neige artificielle qui serpentent sur des pentes brunes et déboisées, de dameuses qui pétaradent dans la nuit en parcourant les pistes de bas en haut et vice versa ; la magie des sommets est réservée aux hôtes payants des restaurants d’altitude tandis que, dans la vallée, des cages à lapins bouchent la vue sur le panorama montagnard. Les communes se sont endettées pour assumer les coûts importants des infrastructures. Le tourisme d’hiver alpin est en crise.

Cette évolution préfigure des problèmes pour les touristes et les promoteurs, et aussi pour les personnes qui vivent là toute l’année. Car le tourisme n’est pas une fin en soi. La possibilité de quitter son lieu de résidence pour une courte durée afin de séjourner pendant un certain temps ailleurs, est un luxe réservé à des privilégiés sur notre planète. Une grande partie de ces personnes vivent en Europe. L’Europe a aussi profité de cette tendance pendant plusieurs décennies. Aujourd’hui le nombre de pratiquants de sport d’hiver recule et des destinations plus éloignées attirent avec des offres exotiques. Le changement climatique noircit l’horizon et aucune amélioration ne semble être en vue.

On estime que le secteur du tourisme emploie entre dix et quinze pourcents de la population active, avec de fortes variations régionales et saisonnières. Les salaires sont en dessous de la moyenne ; la part de femmes et d’immigrés est au-dessus de la moyenne. A l’avenir, la contribution du tourisme hivernal aux revenus économiques des habitants des Alpes dépendra d’une part, dépendra d’une part des conditions et des ressources sociales et écologiques. A l’inverse, la prise en compte de l’impact du tourisme hivernal sur la société et l’environnement influencera également le poids économique futur du tourisme.

Sources et informations complémentaires : Rapport sur l’Etat des Alpes (2013): « Tourisme durable dans les Alpes » :